Sportives professionnelles : bien vivre sa maternité

› 4 Avr 22

Les sportives de haut niveau et les sportives professionnelles sont nombreuses à faire le choix d’avoir un ou plusieurs enfants au cours de leur carrière. Aujourd’hui, les “mamans championnes” ne font plus vraiment figures d’exception. Pour autant, la maternité restait un sujet encore  peu abordé, voire « tabou », dans le sport jusqu’il y a encore quelques mois.

45,6% des sportives rapportent que la grossesse est un sujet
dont on parle très peu dans le sport. 

Malgré ce changement de mentalité, des freins existent encore lorsqu’une sportive décide d’avoir un enfant : crainte d’une altération des performances futures, manque de soutien de l’encadrement technique, regard des dirigeants, crainte  d’une « rupture » avec son environnement sportif, voire  le sentiment d’être abandonnée par  ses coéquipières pour les sports collectifs. 

Une chose est sûre : l’accompagnement des sportives dans leur choix de devenir maman est une nécessité. 

 

I/ Présentation des guides du ministère des Sports dédiés à la maternité

Selon une enquête « Sport de haut niveau et maternité », réalisée en 2021 par le ministère chargé des Sports, 62 % des femmes interrogées déclarent qu’avoir un enfant pendant leur carrière sportive ne constitue pas un projet réalisable.  

>>> Le guide « Sport de haut niveau et maternité, c’est possible« 

Le ministère des Sports a réalisé un guide de la maternité à destination des athlètes de haut niveau et professionnelles. Un outil visant à accompagner les sportives et à lever les tabous autour d’un sujet encore sensible.

Différents thèmes y sont abordés : 

  • La maternité des sportives de haut niveau ;
  • La spécificité de la grossesse chez la sportive de haut niveau ;
  • Grossesse et nutrition ;
  • La période post-partum et la reprise vers un entraînement de compétition ;
  • Droits et dispositifs conçus pour les SHN en situation de maternité ou de parentalité ; 
  • Cartographie des intervenants professionnels du sport de haut niveau. 

Lors de la présentation à l’Insep de ce premier guide sur la maternité, la ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu, a apporté son soutien aux athlètes. Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs témoigné et démontré la cohérence et la magie de ce double projet : https://fb.watch/bE7ZlN1Mnv/   

Un pas de plus pour que les athlètes n’aient plus, à un moment donné de leur vie, à choisir entre vie personnelle et professionnelle. Et une nouvelle étape après la signature par le handball français, en 2021, d’une convention collective garantissant notamment un congé maternité, avec maintien de salaire de 12 mois.

>>> Le guide “Je peux pratiquer des activités physiques et sportives pendant ma grossesse et après l’accouchement

Ce guide présente les avantages de la pratique d’une activité physique avant, pendant et après la grossesse. Il détaille les nombreux bénéfices pour l’athlète, bien entendu, mais aussi pour l’enfant à naître. Il propose des activités à faire chez soi, ou des ressources pour trouver des lieux de pratique à proximité de son domicile.

 

II/ Découvrez les interviews de nos experts partenaires Hurdler

Il est primordial que les athlètes soient accompagnées, qu’elles suivent un programme d’entraînement adapté tout au long de la grossesse et puissent après se reconcentrer, sans culpabiliser sur leur corps et leur condition physique.

  • Fatou Diop, Psychologue clinicienne, Psychothérapeute – Consultante en psychologie de la performance

L’impact psychologique d’une mise à l’écart « légitime » en raison d’une grossesse

L’accompagnement global de la sportive professionnelle enceinte est un point sur lequel nous devons rapidement progresser et notamment d’un point de vue psychologique. En effet l’impact psychologique d’une grossesse pendant une carrière n’est plus à prouver et de nombreuses joueuses en parlent désormais à haute voix. 

Mais le plus gros du travail n’est pas à faire auprès d’elles mais bien auprès de la société et des différents acteurs du monde sportif. Nous devons informer, former et redonner sa juste place à ces sportives de haut niveau en effaçant les idées reçues, les représentations et les croyances autour de l’ATHLÈTE enceinte mais aussi des athlètes parents. 

Faire le choix d’avoir un enfant ne devrait pas automatiquement remettre en question l’excellence de leur performance ni leur niveau de compétitivité. 

  • ACHILLE FOLLY-ADJON, Coach personnel  

Grossesse et sport de haut niveau : quel impact sur la pratique ? 

 C’est une question qui divise de moins en moins mais pendant très longtemps il était plutôt mal vu d’être enceinte et de pratiquer un sport (amateur ou à haut niveau). On entendait souvent des phrases du type « mais vous êtes inconsciente… ». Aujourd’hui, il est même conseillé aux femmes de continuer une activité sportive durant leur grossesse.

Si on s’intéresse particulièrement aux sportives professionnelles ou de haut niveau, il est important de continuer le plus longtemps possible à s’entraîner en adaptant et, en étant évidemment suivie, par des spécialistes.
Il y a pour moi deux raisons principales :

  1. Plus l’activité́ physique est poursuivie longtemps, plus rapide est le retour au haut niveau. Selon des études, la grossesse, en raison de l’augmentation du volume plasmatique, augmente la VO2max de 20 à 30%. Ce qui explique aussi les retours gagnants. « Si on reprend la compétition assez rapidement, le gain de VO2max peut se prolonger de six mois à un an après l’accouchement ».
  2. La maternité́ procure un réel bien-être. La grossesse est un stimulant psychologique fort qui montre que l’épanouissement est un formidable énergisant.

Il y a bien entendu des précautions à prendre. Il est évident que les pratiquantes d’une discipline de combat ou de sport de contact devront se tourner très tôt vers des disciplines de substitution tels que les sports portés (natation, cyclisme, etc.).

D’autre part, en raison de la fonte musculaire liée à la grossesse, la musculation sera le principal atout de l’athlète pour freiner ce phénomène et garder sa condition physique au plus proche de son état initial. Sachant que l’on peut continuer la musculation jusqu’à huit mois de grossesse. 

Pour finir, je rajouterai que la grossesse peut être une belle opportunité pour l’athlète de donner un nouvel élan à sa carrière et d’être plus performante après avoir eu un enfant.